"L'effondrement des grandes puissances" de Léopold Kohr
Vous trouverez ci-joint des extraits du livre "L'effondrement des grandes puissances" de Léopold Kohr avec des sous-titres en 8 pages faites par Denis K:
"Je suis conscient qu'il y a des répétitions et qu'il y a moyen de raccourcir.
Je crois avoir retenu l'essentiel pour notre projet PUHCs, mais Il y a peut-être aussi des choses que j'ai omises.
Bonne lecture. Je vous embrasse". Denis
In extenso ici et en pdf attaché à ce post
Extraits du livre de Léopold Kohr " L'effondrement des puissances"
Préface:
P8: Tout marche à petite échelle, le capitalisme aussi bien que le socialisme , en revanche à trop grande échelle , plus rien ne peut durablement fonctionner, pas plus le capitalisme que le socialisme. C'est la taille d'une entité politique , plus que sa constitution , qui décide de son caractère démocratique.
P23 : Le véritable conflit de notre époque n'est plus entre les races, les sexes, les classes, la gauche et la droite, la jeunesse et la vieillesse, le socialisme et le capitalisme. Le véritable conflit aujourd'hui est celui entre l'Homme et la Masse, l'Individu et la Société, le Citoyen et l'Etat, la Grande et la Petite communauté, entre David et Goliath.
Grandes puissances , maux sociaux et violence sont liées
P25 : Si le corps social devient malade à la suite de la fièvre de l'agression, de la brutalité, du collectivisme ou de la bêtise de masse, ce n'est pas parce qu'il est soudain devenu victime d'une mauvaise gouvernance ou de dérangement mental.
C'est parce que les être humains si charmants en tant qu'individus ou pris en petites assemblées , ont été amalgamés dans des entités sociales surdimensionnées telles les foules , les unions, les cartels ou les grandes puissances. Car les problèmes sociaux ont malheureusement tendance à grossir à un ratio exponentiel à la croissance de l'organisme dont ils font partie. (Thomas Malthus), alors que la possibilité qu'à l'homme d'y faire face si jamais il est même possible de l'étendre ne grandit pour sa part que linéairement. Cela signifie que si une société croît au delà de sa taille optimale, ces phénomènes finiront par dépasser la croissance des facultés humaines qui sont nécessaires pour les traiter. C'est toujours la taille excessive et seulement elle, qui est le problème de l'existence, socialement aussi bien que physiquement.
P27: La solution des problèmes auxquels fait face la planète toute entière ne semble pas résider dans la création d'entités sociales toujours plus grosses, ni dans la formation de gouvernements plus étendus, dont on peut le voir aujourd'hui à travers le fanatisme sans imagination dont font preuve nos gouvernants. Elle semble résider dans l'élimination de ces organismes qui ont grossi au-delà de toute mesure et qui portent le nom même de grandes puissances, et dans la restauration d'un système plus sain de petits Etats , aisément gouvernables comme ceux de temps plus anciens.
P29 : Le poète André Gide a écrit: "Je crois à la vertu des petits peuples, je crois à la vertu du petit nombre. Le monde sera sauvé par quelques uns."
L'idée de la petite taille est le seul antidote à la maladie cancéreuse de la taille excessive. Aristote et St Augustin préconisaient déjà cela.
Page 56 En analysant l'histoire , on constate que les plus grandes agressions et les crimes les plus monstrueux ont été commis par des grandes nations à l'apogée de leur civilisation .
P 58 :Le dénominateur commun aux exécutions de masses perpétrées aux cours des siècles (par les allemands, les catholiques en France , les britanniques en Inde, en Russie par les barbares en Italie par les princes) semble être la simple capacité de pouvoir, la capacité ou la puissance de commettre des monstruosités .
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Théorie de la taille critique qui amène aux maux sociaux !
p 66: Dans une petite société le seuil critique de pouvoir ne peut que rarement être atteinte puisque , en l'absence d'un grand nombre au sens numérique du terme ,la force de cohésion du groupe est facilement paralysée par les tendances centrifuges autorégulatrices que représentent les nombreux individus à la recherche de leurs intérêts et au fait que ceux-ci rentrent en concurrence. Dans les sociétés plus grandes en revanche, la pression du nombre peut parfois devenir telle que les tendances à la compétition individuelle disparaissent et que le danger de la fusion sociale portée à un stade critique soit présent en permanence.
Dans l'évaluation de la taille critique , la densité de la population joue aussi un rôle important.
P67 Si la violence socialement produite, que ce soit à l'échelle individuelle ou de masse, n'est globalement rien de plus que le résultat spontané d'un volume critique de pouvoir généré à chaque fois qu'une masse d'êtres humains atteint une certaine ampleur, on ne peut l'empêcher qu'à travers un outils qui maintient la taille d'une société puissance sous son seuil critique de puissance.
Donc en diminuant la taille sociale de cette société.
P68 :La seule méthode fiable pour traiter la violence et la criminalité à grande échelle, n'est pas d'augmenter l'effectif de la police, mais de fonder des entités sociales de petites tailles.
p 79 : C'est toujours la masse critique de pouvoir qui transforme les nations en agresseurs tandis que l'absence de pouvoir critique semble être toujours la condition qui les rend pacifiques.
p 91 : Si les guerres (les plus meurtrières) sont dues à l'accumulation d'une masse critique de puissance, et si celle-ci ne peut s'accumuler qu'au sein d'organismes sociaux d'une taille critique, les problèmes de violence y compris les plus atroces, pourraient clairement être résolus d'une seule et unique façon: à travers la réduction de ces organismes qui ont grandi au-delà des proportions auxquelles l'homme peut exercer son contrôle.
p 93 : L'unification ne se contente pas de donner naissance à des guerres en fournissant les motifs ; elle a dans sa logique précisément besoin des guerres. Aucune grande puissance au cours de l'histoire ne s'est jamais créée pacifiquement ( à l'exception de l'empire austro-hongrois par des mariages d'alliance) . Plus une puissance est grande plus les guerres qui ont présidé ont été terribles et nombreuses. La Grande Bretagne, la France, l'Italie, l'Allemagne sont toutes le résultat de guerres entre les peuples qui les composent - pour certains contre leur gré.
p93-94 : Henri C Simons (Economic policy for a free society) The university of Chicago press (1948) p .21
La guerre est un processus de collectivisation, et la collectivisation à grande échelle est inhérente à la guerre. S'ils ne sont pas militaristes par tradition nationale, les états hautement centralisés le deviennent par la nécessité même d'entretenir la concentration interne de leur pouvoir (une concentration artificielle et démesurée) à cause de la menace que représente leur mobilisation gouvernementale pour les autres nations, qui y répondent et à cause de la transformation quasi- inévitable de leurs relations commerciales en guerres économiques voulues au sein de grand blocs politico-économiques. Il ne peut y avoir de paix réelle ou d'ordre mondial réel dans un monde composés de quelques grandes puissances centralisées.
P 94 :La solution est au lieu de créer des Etats toujours plus grands et en plus petit nombre, créons- en de plus petits.
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p 95 : Les grandes puissances ont des structures politiques artificielles et parce qu'elles sont artificielles ont besoin de fournir des efforts conséquents pour les maintenir. Comme elles ne sont pas le fruit d'un développement nature mais de conquêtes, elle ne peuvent se maintenir en état par esprit de conquête, la reconquête permanente de leurs propres citoyens par la propagande patriotique qui débute au berceau pour finir qu'à la tombe.
p 98 : La division et non l'union a été en Suisse, l'outil grâce auquel le pays a préservé sa paix et son unité , résolvant en même tant ses problèmes de minorités et étant l'un des rares pays à y parvenir.
Une Europe composée de petits Etats signerait la fin de l'agressivité nationale pathologique qui ne peut que s'épanouir dans la mentalité des grandes puissances collectivisées que sont les grandes nations Etats. (Allemagne, France, Italie au lourd passé)
P 106 : Aristote nous prévenait déjà qu'il y a une taille limite à la puissance des Etats comme il y en a une pour les autres choses, plantes, animaux , outils, .....
L'expérience montre qu'une cité très peuplée peut rarement, voir jamais être bien gouvernée, puisque toutes les cités qui ont une réputation de bonne gouvernance ont une population limitée en nombre.
p 108 : Ce n'est pas un hasard si les pays les plus socialement avancés du monde sont aujourd'hui des états comme la Suisse, Le Danemark, la Suède, la Norvège, l'Islande.
Les grandes puissances doivent être détruites si nous voulons parvenir à quelque chose, car ce sont elles les principales fauteurs de troubles de la planète, pas les petits états ,qu'elles sont pourtant si promptes à blâmer.
St Augustin: "Le monde serait plus heureusement gouverné s'il ne consistait pas en quelques agrégations obtenues par des guerres de conquête , avec le despotisme et le gouvernement tyrannique qui en résultent, mais d'une société de petits états vivant ensemble en amitié, ne transgressant pas les limites des uns et des autres, libérés des jalousies" .
p 111: Il n'y a rien dans la constitution des hommes ou des états qui peut empêcher l'émergence de dictateurs, de fascistes ou assimilés. Les fous de pouvoirs existent toujours et toute société passera à un moment ou un autre par une période de tyrannie.
La seule différence c'est le degré de gouvernement tyrannique qui à son tour dépend de la taille et de la puissance du pays qui tombe sous son joug.
La perspective de posséder un grand pouvoir attire généralement plus les forts que les sages et les autocrates plus que les démocrates.
p120 Un monde de petit états ne résoudrait pas seulement les problèmes de violence sociale ou de guerre, il résoudrait aussi les problèmes aussi terribles de l'oppression et de la tyrannie. Il résoudrait tous les problèmes qui viennent du pouvoir.
En effet , il n'y a pas de mal sur terre qui ne puisse être résolu concrètement à petite échelle, et , à l'inverse il n'y a pas de mal sur terre qu'on ne puisse maitriser autrement qu'à petite échelle. Avec la taille tout se fragilise même la vertu car le seul problème du monde n'est pas la faiblesse mais la taille excessive.
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Petites unités, plan créateur et vertu
p122; Jusqu'à présent nous avons parlé de l'idée de morceler les grandes puissances du point de vue de la commodité. Et nous avons vu que réduits à une taille modeste, les Etats perdent en leur potentiel de nuisance, les problèmes en difficulté et le vice une grande part de son importance.
Cela n'est pas un hasard car la taille modeste n'est pas simplement pratique. Elle est le Dessein de Dieu. C'est sur elle qu'est bâti l'univers entier.
p 138 - 139 Dans le champ des problèmes sociaux et personnels , nous devons chercher la solution dans la division, et, au lieu de regarder les choses échapper passivement à notre contrôle, nous devrions réduire leur taille à des proportions à échelle humaine. Car à petite échelle tout devient flexible, sain contrôlable et procure même de la joie. A grande échelle au contraire tout devient instable et prend des proportions terrifiantes même ce qui est bon. L'amour tourne à la possessivité, la paix en tyrannie, l'harmonie basée sur l'interdépendance d'un grand nombre de petites actions variées et vives est remplacée par l'unité basée sur une rigidité magnétique et maintenue par une organisation et une coordination laborieuses.
Petites unités, liberté et démocratie
p142 _ 143Le plus grand bonheur de l'homme réside dans la liberté qu'il possède en tant qu'individu. Cela est inséparablement lié à la démocratie politique. Mais la démocratie à son tour est liée inséparablement à la petite taille de l'organisme collectif dont l'individu est une partie- l'Etat. Dans un petit état la démocratie en tant que règle s'affirmera quel que soit le régime choisi, dans une monarchie comme dans une république et même parfois dans une autocratie.
Le petit état est par nature démocratique sur le plan interne. En son sein l'individu ne peut être jamais surplombé par le pouvoir d'un gouvernement dont la force est limitée par la petite taille du corps dont il émane. Dans un petit état les citoyens connaissent mieux leurs dirigeants , ils ne peuvent pas se cacher d'eux et disparaitre dans les volutes de fumées mystérieuses, dans lesquelles ils peuvent prendre l'apparence et la stature charismatique de surhommes. (ex: St Marin)
p 144; le danger principal à l'esprit de démocratie dans une grande puissance réside dans cette impossibilité technique (du citoyen) à s'affirmer de manière informelle . Dans les états massifs, l'influence des citoyens pour s'exprimer doit passer par des formulaires, des voies formelles , des organismes institutionnels. Ce sont ces derniers plus que les individus qui sont de plus en plus les véritables agents et témoins de la souveraineté politique, à tel point que nous devrions parler de la démocratie de partis ou de groupes plutôt que de démocratie citoyenne. En conséquence l'individu décline et à sa place émerge l'homme moyen ( standard) glorifié .
Ortega y gasset "Qui ne pense pas comme tout le monde court le risque d'être éliminé"
p 145: Aussi démocratique que voudrait être une grande puissance, elle ne peut pas dans les faits être une véritable démocratie au sens réel du terme , un système gouvernemental au service de l'individu. Les grandes puissance doivent servir la société , et par conséquent les idéaux sincères qui sont ceux de la démocratie sont détournés de leur sens . Ils deviennent à la place dépendant de l'organisation sociale. Mais une bonne organisation présuppose l'uniformité totalitaire et pas la diversité démocratique.
p 146 L'homme en tant qu'individu c'est à dire agissant est remplacé dans les états massifs par l'homme en tant que type, l'homme passif.
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p 149 : En augmentant la population d'un état, on diminue l'importance d'un individu.
ex : la part d'un citoyen du Lichtenstein dans la population est de 1/ 13 000 celle d'un russe est de 1/ 200 000 000. Plus une agrégation est grande plus l'homme devient minuscule.
p 150 : Tout ceci montre que seuls les petits états remplissent à la fois les conditions de l'existence de la démocratie et celle de l'individu.
P 158 La seule chance de la démocratie et ses principes sous-jacents en faveur de l'individu et sans laquelle la civilisation occidentale est inimaginable , ce sont les petits états et un système de petits états , et que le principal danger envers notre précieux héritage de liberté personnelle, ce n'est pas la désunion qui protège ce qui est petit mais le processus d'union qui l'oblitère. Et pourtant c'est la pensée dominante qu'on enseigne même dès l'école.
P 159 Aristote dans la politique écrit:
"N'est-il pas évident qu'un état puisse un jour atteindre un tel degré d'unité qu'il cesse d'être un état ? Puisque la nature d'un état est la pluralité , en tendant vers une plus grande unité, d'un état cela devient une famille, et d'une famille, un individu. Nous ne devrions donc pas chercher à atteindre cette plus grande unité même si nous le pouvions, car cela signifierait la destruction de l'état.
Un état n'est pas seulement constitué de nombreux hommes , mais de différents types d'hommes car le même ne constitue pas un état. ......Si on cherche l'autosuffisance, un plus bas degré d'unité est plus souhaitable qu'un plus grand.
P 160 : L'unité pour un démocrate est un vice dangereux; elle oblitère la souveraineté des individus. Elle est contraire à toutes les habitudes de la création , la loi de l'univers est l'harmonie pas l'unité. Voir l'histoire de la tour de Babel. Dieu ayant créé les hommes à son image en tant qu'individus distincts et libres , il n'aime pas avec raison leur désir ambitieux d'exister comme des hommes- masses, dans la chaleur animale et dépersonnalisante d'une ruche collective.
p 162 : L'unification politique est un marqueur du déclin culturel. Les petits états offrent plus de temps libres aux activités artistiques.
Ce n'est pas un hasard si la culture mondiale a été produite dans de petits états.
p 170 Pour créer, un créateur doit vivre une grande variété d'expériences personnelles . Pas un grand nombre mais une grande variété. Et cela est infiniment plus facile dans un petit état que dans un grand.
Dans un grand état nous sommes conditionnés à vivre dans de petits segments spécialisés ,puisque les sociétés nombreuses ne font pas seulement de la spécialisation quelque chose de possible mais également de nécessaire. En conséquence de quoi notre expérience de la vie est confinée à un étroit segment dont nous ne traversons presque jamais les frontières, au sein duquel nous devenons de véritables experts mais concentrés sur un seul objet.
P173 La plus grande partie des créateurs de notre civilisation ont été les fils et les filles de petits états. A chaque fois que des régions de petits états par ailleurs productifs ont été unifiés incorporés dans le cadre de grandes puissances , elles ont cessé d'être des centres de culture.
p178: La culture n'est pas le produit de peuples mais d'individus et comme nous l'avons vu les créateurs ne peuvent pas s'épanouir dans l'atmosphère éreintante des grandes puissances.
Les grandes puissances et la démocratie s'excluent mutuellement sur le long terme puisque la taille excessive ne peut être en dernière instance gérée et maintenue par une organisation totalitaire. Toynbee dans ses études sur l'histoire a dépeint une relation entre l'unification politique et le déclin intellectuel.
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P181: Petites unités et économie.
La production moderne à grande échelle , un signe d'asservissement plutôt que d'amélioration des conditions de vie. Les crises cycliques ne sont pas caractéristiques du capitalisme mais des économies à grande échelle.
La loi des rendements décroissants démontrent la plus grande efficacité des petites unités de production. Les petits états ne sont pas un obstacle aux grandes aires de libre échange.
p 197. Une fois qu'une société dépasse sa taille adéquate qui est déterminée par sa fonction de subvenir aux besoins de l'individu de la meilleure des manières, une part toujours plus grande de ses biens et de sa productivité doit être utilisée dans le but d'augmenter les standards sociaux de la communauté, et non plus la condition personnelle de ses membres. Jusqu'à un certain point, les 2 sont complémentaires et peuvent être augmentés simultanément, mais au delà de ce point ils s'excluent mutuellement, l'outil parfait se transformant en un maître recherchant son profit exclusif. A partir de ce moment, plus une société devient puissante, plus elle dévore en nombre les nouveaux biens qu'elle produit, afin de subvenir aux besoins créés par sa taille et sa puissance même au lieu d'augmenter la consommation individuelle. Plus elle gagne en densité et plus elle se consume de devoir faire face aux problèmes créés par cette augmentation.
P201: Les problèmes liés aux cycles de croissance moderne, ne réside par dans le fonctionnement naturel du capitalisme ni dans le fonctionnement immature et mal conçu du communisme. Elle réside dans la trop grande échelle des économies modernes.
p202 : La conséquence d'une taille excessive est toujours la même, l'incapacité qu'elle génère de gérer les problèmes qu'elle crée.
P203 : Les problèmes économiques sont bien plus faciles à régler dans des petits états.
p204 : Si la gigantomanie semble être devenue notre problème économique principal, comme cela semble être également notre principal problème politique, la solution n'est évidemment pas davantage d'unification (d'uniformisation) mais la restauration d'un système économique de petites entités dans lesquels tous les problèmes sont réduits à des proportions auxquelles ils peuvent être réglés par n'importe qui , c'est à dire pas uniquement par des génies qu'on n'a pas toujours sous la main.
La supériorité économique des petites économies , basée sur l'addition d'entités économiques relativement petites a été démontrée au Etats Unis dans un rapport sénatorial de 1946. David
Coyle .
P205 : L'idée du niveau de vie qui progresse grâce au développement économique à grande échelle semble n'être rien de plus qu'un mythe qui ne repose que sur la répétition massive.
P211 Une augmentation de la quantité, de la masse, de la taille du pouvoir ou de tout autre élément physique, ne produit aucune augmentation correspondante en productivité ou en satisfaction. Jusqu'à un certain point oui mais au delà de ce point non, il y a une limite. Et la limite idéale est toujours relativement basse. C'est encore Aristote dans sa politique qui a le mieux exprimé cette idée:
"Il y a une limite à la taille des états comme il y en a une pour toutes les autres choses, les plantes , les animaux, car aucun de ces derniers ne conservent sa puissance naturelle quand ils sont trop grands ou trop petits , mais perdent au contraire leur nature ou sont gâchés."
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p 212 : Selon la loi des rendements décroissants, la performance d'une entreprise après qu'elle a atteint une certaine taille , commence à baisser relativement au nombre total des ressources consommées, et ce en dépit du fait que comme toujours sa performance absolue continue d'augmenter.
p 213 Justice Brandies a déclaré :
"Beaucoup de gens ont appris que l'efficacité dans les affaires ne croit pas indéfiniment avec la taille de l'entreprise. Très souvent une entreprise croit en efficacité en passant d'une petite à une grande entreprise, mais il y a une taille optimale pour toute entreprise à un moment donné, et il arrive donc qu'une entreprise puisse être trop grande ou trop petite pour être efficace."
p218 Le monopole conduit à des restrictions de la production et nous impose ses biens standardisés et indifférenciés , tout comme les grandes puissances (politiques) amoindrissent la production intellectuelle, en nous imposant des platitudes standardisées.
Mais le problème du pouvoir se manifeste toujours de la même manière, que ce soit dans le monde physique, économique ou politique. Comme le dit le professeur Henry Simons:
"On ne peut faire confiance à rien ni à personne qui soit muni d'un grand pouvoir; il est simplement idiot de se plaindre du fait que les groupes exercent égoïstement leur pouvoir. L'erreur aura été de leur permettre d'obtenir un tel pouvoir . Les monopoles l'utilisent toujours de manière abusive car ils sont abusifs par nature."
Une organisation en petites unités a toujours et partout cette grande vertu , elle résout les problèmes , ce qu'aucune planification de quelque degré que ce soit n'est capable de faire quand les problèmes sont à grande échelle, parce qu'une telle organisation les réduit à des proportions auxquelles ils se résolvent d'eux mêmes.
L'abandon de la dictature centralisée en faveur de l'autodétermination des individus ne signifie pas la destruction de tous les liens sociaux préexistants. Les frontières qui délimitent les petits états ne sont pas nécessairement synonyme de barrières, ce sont des protections.
p221: L'image économique idéale d'un monde de petits états serait ainsi celle d'une zone pleine de frontières mouvantes et respirantes , de frontières économiques autorégulatrices, libérées de toutes les taxes non naturelles telles que les taxes douanières.
Le résultat d'une organisation en petites unités économiques serait la désintégration des véritables plaies des interdépendances économiques , les barrières douanières et commerciales, et cela en raison de l'inutilité qu'elles auraient alors, et sans désintégrer dans le même temps l'existence continue des frontières politiques et naturelles.
Elle pourrait être d'ailleurs ce que les économistes appellent une union douanière , un territoire qui ne présente aucun obstacle au flux de biens quels qu'ils soient.
p222: En résumé même les économistes refusent de donner des arguments contre un monde de petits états. Car même dans le domaine de l'économie, le seul problème important semble être celui de la taille excessive, ce qui suggère comme solution non pas la croissance mais l'arrêt de la croissance , non pas l'union mais la division.
Quand la taille d'une unité de production augmente au-delà d'une limite, sa productivité finit toujours par décliner, jusqu'à ce qu'au lieu de libérer de l'énergie, elle se mette à stagner.
La raison qui explique cela est la loi des rendements décroissants qui limite la taille des choses.
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Exemples de fédérations réussies
231: L'exemple réussi de la fédération Suisse.
La Suisse n'a pas construit son succès sur la base d'une fédération de 3 nationalités, mais sur la fédération de 22 états , les cantons, qui, loin d'unifier ses blocs nationaux inégaux, les ont divisés en tant de petites parties qu'aucune unité fédérale à elle seule ne peut avoir une taille prépondérante sur une autre. Le prérequis essentiel au bon fonctionnement d'une fédération a été respecté: une organisation qui permet l'harmonie et la praticité en s'assurant de l'équilibre numérique et physique de toutes ses composantes, à une échelle assez petite pour permettre à une autorité centrale faible de mettre ses décisions à exécution . (à voir??)
La grandeur de l'idée suisse est ainsi la petite taille de ses composantes dont découlent ses garanties.
p 232 Autres expérience de fédérations réussies (Etats Unis, fédération d'argentine, du Brésil, du Mexique et du Vénézuela.) Australie et Canada, même s'il est moins efficace dans ce dernier en raison de 2 grands états (Québec et Ontario) Dans l'histoire le St Empire Romain Germanique qui était ni saint ni romain ni même un empire mais une fédération aux liens assez distendus qui unifiait en un cadre commun , la plupart des états allemands et italiens et qui dura plus d'un millénaire.
Quels leviers utilisés pour mettre en place des fédérations réussies:
p 240 . La petite unité est la seule base réaliste d'une bonne organisation sociale, on la trouve dans les fondations des gouvernements fédéraux réussis, mais même dans tout gouvernement fédéral ou centralisé. Les politiciens ne peuvent plus l'ignorer pas plus que les physiciens le principe de la gravité.
P250 Les grandes puissances doivent aujourd'hui transformer leur système centralisé en des régions décentralisées , et cela en tant que préliminaire à une intégration réussie dans une organisation internationale plus grande.
p 253 Les petites nations ont vu le jour par elles mêmes alors que les grandes puissances se sont créées par force lors de guerres d'unification sanglantes. Pas une seule composante ne les a rejoint volontairement , seulement par la force. C'est pourquoi il existe toujours (en France notamment) des courants de mouvements séparatistes. (Alsaciens, catalans, basques corses, bretons, ..)
p 255 Pour mettre en place ces petits états on peut utiliser les instruments de la représentation proportionnelle en même temps qu'on fait appel aux puissants sentiments particularistes qui sont toujours présents au sein des groupes humains.
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