La Constitution suisse a évolué pour réduire les tensions entre les cantons et prévenir les guerres internes. Les changements principaux ont été l’établissement d’un cadre institutionnel solide, basé sur la coopération, le fédéralisme et la neutralité confessionnelle. Voici les modifications clés qui ont contribué à maintenir la paix interne :
1. Passage à un État fédéral (1848)
Après la guerre du Sonderbund (1847), la Constitution de 1848 a transformé la Confédération suisse d’une alliance lâche de cantons en un État fédéral centralisé tout en respectant l’autonomie cantonale. Ce nouveau cadre a permis :
• Un gouvernement central fort, responsable de maintenir l’ordre et de garantir les droits fondamentaux.
• Un partage clair des compétences entre la Confédération et les cantons, évitant les conflits sur les responsabilités.
2. Neutralité religieuse et égalité confessionnelle
L’une des causes majeures des conflits antérieurs était la division religieuse entre cantons catholiques et protestants. La Constitution de 1848 a :
• Garantit la liberté religieuse.
• Interdit les discriminations religieuses.
• Assuré une représentation équitable des confessions dans les institutions fédérales.
3. Introduction de la démocratie directe
La démocratie directe a permis de canaliser les tensions politiques à travers des mécanismes pacifiques comme :
• Les référendums populaires : si une partie de la population s’oppose à une loi, elle peut demander un vote national pour l’accepter ou la rejeter.
• Les initiatives populaires : les citoyens peuvent proposer des amendements constitutionnels et forcer un vote national.
Ces outils ont permis aux citoyens et aux cantons d’exprimer leurs désaccords sans recourir à la violence.
4. Conseil des États et représentation cantonale
La création du Conseil des États, une des deux chambres du Parlement suisse, assure une représentation égale des cantons (deux sièges par canton, un par demi-canton). Cela garantit que :
• Les petits cantons ont autant de poids que les grands dans les décisions fédérales.
• Les intérêts cantonaux sont pris en compte dans l’élaboration des lois.
5. Répartition des ressources et solidarité financière
Des mécanismes comme la péréquation financière ont été mis en place pour réduire les inégalités économiques entre les cantons. Les cantons riches contribuent davantage pour soutenir les cantons moins favorisés, évitant ainsi les tensions économiques.
6. Interdiction des alliances séparatistes
La Constitution interdit explicitement toute alliance ou coalition entre cantons pouvant menacer l’unité de la Confédération. Cela a été inscrit pour éviter une répétition de la guerre du Sonderbund.
7. Armée fédérale unifiée
L’armée suisse est sous le contrôle du gouvernement fédéral et non des cantons. Cela empêche les cantons de mobiliser leurs propres troupes contre d’autres cantons.
8. Évolution constitutionnelle continue
La Constitution suisse est régulièrement mise à jour (notamment en 1874 et 1999) pour s’adapter aux défis contemporains et maintenir l’équilibre entre les cantons. Ce processus inclusif garantit que toutes les parties se sentent représentées.
Impact de ces changements
Grâce à ces réformes, les cantons peuvent coexister pacifiquement dans un système où :
• Le pouvoir est partagé.
• Les conflits sont résolus par des institutions démocratiques et des négociations.
• L’autonomie des cantons est respectée tout en garantissant l’unité nationale.
Ces principes sont aujourd’hui des piliers de la stabilité politique de la Suisse.